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Je crois que ce qui me plaît dans la nationale 113 c'est son rythme. Juste après avoir quitté la rocade, dans les quelques kilomètres d'autoroute d'avant la sortie pour la nationale, une proposition naît. On file tout droit et là c'est un non-stop, un chemin tracé sans rien d'autres que les pensées et le poste allumé ou alors ce petit entracte où le temps ressemble à cette cigarette fumée sur le trottoir au milieu d'une pièce de théâtre. Ce soir j'ai quitté le journal à un horaire ordinaire, 1 heure du matin. J'ai pas hésité, je savais en démarrant que je prendrais la nationale. La pluie est arrivée en fin de journée, elle a donné son tempo. La nuit pourtant m'a semblé lumineuse, certainement que la chaussée encore brillante entre deux parcelles de vignes conservait ce petit éclat sous les premiers réverbères. J'ai même plus le souvenir de ce qui se racontait à la radio... J'ai fait de l'essence à Podensac.

Elle n'est pas large la 113, juste la place pour deux. Puis ses lacets, ce long serpent nous promet des moments ralentis, lorsque l'on fait attention car dans les phares une rainette traverse la route ou bien que dans un fossé on aperçoit deux yeux verts qui accélèrent, le chat. Il y a tout au long ces maisons qui jouent à touche-touche avec le bitume, on s'imagine cette voie naguère un peu plus étroite, presque une rue. Et d'autres moments aussi qui me font sourire, ce petit plaisir des miroirs. Juste après Virelade, dès que l'on a traversé le bourg au sortir d'un virage, la route me fait penser à l'entrée de la Barthe-de-Neste, en direction d'Ilhet et des montagnes. Ce n'est qu'une petite main de secondes, mais ce bonheur est toujours le même à cet endroit. C'est un bouquet d'émotion, de douceur. Car le temps ici est différent, il s'étire. La petite heure passée entre ses bras me permet de laisser mes pensées courir sur la ligne blanche. Cette accolade est une parenthèse. Rien d'extraordinaire mais ce répit, juste là. Je me souviens des voyages entre la gare d'Austerlitz et Hendaye, c'est pareil. Je posais ma tête contre la vitre et regardait le paysage défiler. La 113 c'est ce trait blanc qui parcourt ma vie.

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